Du Tombeau du Tigre,
Mouchamps, en passant par l’Abbaye royale de Nieul sur l’Autise,
puis Coulon , capitale de la Venise
Verte et le petit port de La
Garette… circuit historico-culturel et
découverte, en barque, du marais poitevin, au programme de ce week-end des 7, 8
et 9 septembre 2013.
Samedi 7
septembre :
Il flotte un
petit air de rallye, lorsque nous prenons la route ce matin pour la rando de la rentrée de septembre : « Le
Tigre vous indiquera la voie, suivez son tombeau ». Après 1 h 30 de
route, nous nous retrouvons tous, dans un petit coin de Vendée, au lieu-dit du
Colombier, qui fait partie de la commune de Mouchamps. Quelques maisons basses
en pierres, une grange, et au bout du chemin, une gentilhommière du XVIe
siècle et ses dépendances. La route ne va pas plus loin. Nous repérons
facilement la buvette locale avec son
imposante enseigne « souvenirs et cartes postales », décorée
de la silhouette bien connue de celui dont nous cherchons le tombeau. Nous
« brûlons » donc d’en savoir plus… Nous, c’est à dire les 23
Ampouliennes et Ampouliens, regroupés en
ce lieu insolite où nous attend Gabrielle.
Gabrielle, alerte
petit bout de femme qui s’est coquettement habillée pour nous recevoir, est la
gardienne du temple-musée consacré à Clemenceau. Aux murs, des photos de
Clemenceau et de sa famille, des croquis de l’immense bâtisse aux deux
tourelles que nous avons aperçue en arrivant. Nous prenons place autour des tables de son petit
café, on se serre un peu, et l’on peut aussi s’installer autour de la table de
la petite cuisine attenante. Café ou thé sont proposés, nous allons vivre un petit moment de
« grâce » chez Gabrielle.
Elle nous raconte « son » Georges
Clemenceau, celui dont elle a tant entendu parler et dont elle connaît les
descendants. D’ailleurs, l’armoire placée dans la cuisine vient de chez eux,
donnée à son père, fermier sur les terres de la famille Clemenceau.
Clemenceau, l’homme politique que vous connaissez, a
été médecin et journaliste. Il est né
d’une famille de médecins ( père, grand père
et arrière-grand-père) à Mouilleron en Pareds. Il a vécu à l’Aubraie,
s’est retiré à St Vincent sur Jard dans une petite maison, face à la mer, après
sa défaite politique. C’est en Vendée, près de Ste Hermine, qu’il a vécu les
dernières années de sa vie et il a choisi d’être enterré précisément au
Colombier, en terre vendéenne. La gentilhommière et ses terres sont propriété
des Clemenceau depuis le XVIIe siècle. Gabrielle nous parle de
l’homme qui, alors député, refusa l’armistice de 1871 et l’amputation de
l’Alsace et de la Lorraine. Elle évoque l’insurrection de Paris, puis l’affaire
Dreyfus, dont la cause fut plaidée par le plus jeune frère de Clemenceau,
avocat. C’est lorsqu’il est journaliste
à l’ « Aurore » que l’on commence à l’appeler « le
Tigre » et le titre
« J’accuse » pour l’article de Zola lui est dû. Après des années de
bonheur avec Marie Plummer, l’une de ses
élèves américaines, il l’oblige à divorcer et à retourner aux Etats-Unis (l’un
n’ayant pas été plus fidèle que l’autre). Il fait appliquer la loi de
séparation de l’Eglise et de l’Etat. Gabrielle précise bien que ce grand homme
savait tempérer. Il a défendu les deux écoles ! En 1920, battu aux
élections, il se retire de la vie politique et voyage. Visionnaire, il avait
prédit le rôle prépondérant du Général De Gaulle pour « redresser le
pays ». Celui-ci est venu se
recueillir sur la tombe du Colombier en mai 1946.
Nous nous rendons
alors sur les lieux de sépulture de Clemenceau et de son père. Il y fait un peu
frais en cette fin de matinée. Sobriété des lieux, calme, on entend seulement
le bruissement des feuilles, des
arbres du petit bois. Père et fils reposent l’un à côté de l’autre, dans deux tombes parfaitement semblables, deux
parcelles de terre recouvertes d’herbes folles, entourées d’une simple grille
de fer. Pas de plaque ni de décoration. Celle de Clemenceau est en contrebas de
la stèle représentant Minerve, qu’il l’avait fait ériger avant sa mort, en
précisant : «La lance de Minerve indiquera que je repose là ». (Oui,
quand même !)
Départ groupé pour
Nieul sur l’Autise où nous avons prévu de pique-niquer. Nous stationnons sur le parking de l’Abbaye
Royale et emportons sacs et glacières pour nous rendre au parc du
Vrignaud, en traversant les ruelles du pittoresque village qui a le label
« Petite Cité de Caractère ». Arrivés au parc, tables et bancs
s’offrent à nous, à l’ombre des magnifiques arbres. Certains préfèrent
pique-niquer sur l’herbe. Moment de partage, d’échanges sur les vacances, les
voyages entrepris, les nouveaux bébés de l’été, car le club des papis et mamies
s’agrandit. Retour ensuite aux véhicules par la rue de la meunerie pour le
rendez-vous, à 14 h 30 avec Irène, notre guide pour la visite de l’Abbaye
Royale.
Ambiance
particulière en ce début d’après-midi. Un mariage est prévu à l’Abbatiale,
invités « endimmanchés » et visiteurs se mélangent, il va falloir
accélérer le rythme avant la cérémonie. Notre guide perd un peu les pédales…
puis se ressaisit.
Décryptage de
la façade de l’abbatiale avec ses animaux imaginaires, les dessins
géométriques, bel exemple de l’architecture du Poitou roman. Nous pénétrons
dans la nef, assistons aux répétitions
des chœurs pour le mariage,
apprécions de retrouver le calme en
entrant dans le cloître magnifique, puis la
salle capitulaire, le passage aux champs. Le dortoir des chanoine et sa
scénographie, la façade de l’ancien réfectoire. Le début de la construction de cet ensemble monastique, joyau de l’art
roman (abbatiale, cloître et bâtiments conventuels) se situe en 1068. Le
seigneur de Vouvant – pour le salut de son âme – fait don des terres à des
chanoines qui vivent selon la règle de St Augustin. Aliénor d’Aquitaine, Reine
de France, en fit une abbaye royale en 1141. Bâtiments dégradés pendant les
guerres de religions, abbaye sécularisée en 1715, rachetée ensuite par la
commune restaurée au XIXe siècle grâce à l’écrivain Prosper Mérimée.
Un petit guide très détaillé nous a été remis sur l’histoire de cette abbaye.
Nous découvrons de manière attrayante, grâce aux technologies innovantes,
l’histoire du monachisme en bas-poitou, le rôle des abbayes, leur
fonctionnement, l’assèchement des marais, extraordinaire… Sidérant. Un parcours
muséographique nous fait aussi découvrir
les instruments médiévaux et la sculpture religieuse.
Visite ensuite
de la maison d’Alienor d’Aquitaine, toute proche, où nous sommes reçus par
« Prosper Mérimée »( voix de Gérard Bourgarel), maquette de l’abbaye,
jeux vidéos, scénographie, théâtre optique.
17 h :
Il est temps de se rendre maintenant aux gîtes municipaux de Coulon (
grenouille, anguille, héron, loriot ,libellule). Les gîtes sont spacieux, au
calme dans le fond du terrain, pourvus de terrasses équipées de tables et de fauteuils. Installation dans les locaux avant de repartir à pied pour Coulon. Nous
découvrons la capitale de la
« Venise verte », très touristique : classé « plus beau
village de France », ses venelles, ses quais bordés de jolies maisons
blanches et ses barques, sur la Sèvre niortaise. Le dîner est prévu au restaurant « La
Passerelle », face au canal.
20 h :
Dîner, servi par le sympathique patron de « la Passerelle ». Menu
maraîchin, farci poitevin, jambon aux
mojettes et tourteau fromage. L’ambiance est bonne, interventions toujours très
appréciées de nos spécialistes de bonnes histoires… Alain , Christian, René et
Guy. Retour à pied aux gîtes.
Dimanche 8
septembre :
Beau temps
ensoleillé ! Quelle joie pour tous et soulagement pour les quatre
organisatrices du week-end, Michèle, Maylis , Martine et Armelle ! La
sortie en barque est assurée ! Regroupement à 10 h, et
direction centre de Coulon pour une visite
de la Maison du marais poitevin. C’est Patrick qui va nous guider à travers les différentes salles du musée,
nous transmettre sa passion du marais dont il nous explique la formation. Le golf des Pictons a été
progressivement aménagé par l’homme. Les moines au Xe siècle ont
commencé l’assèchement des marais et leur exploitation. Des digues empêchent le
retour de l’océan et d’autres arrêtent les crues venant des terres hautes. Là
où l’on crée des canaux et fossés, on aura
les marais desséchés, et les « marais mouillés » correspondent
aux terrains inondables. Patrick commente les maquettes, les cartes, les photos
et les croquis avec un réel plaisir et
nous amuse avec bon nombre d’anecdotes. Nous entrons dans la salle de la
barque : construction, usages des barques traditionnelles, maniement de la
rame et de la pigouille, puis salle de l’anguille, poisson emblématique du
marais, son périple mystérieux et époustouflant de la mer des Sargasses aux
côtes européennes, sa pêche. Ensuite, film dans une autre petite salle avec
écran géant, sur l’histoire du marais, qui ne devrait plus avoir de secret pour nous. Ensuite,
reconstitution d’un intérieur maraîchin, avec sa table à casier à pain, sa
« coussotte », le « potager ». La visite du musée se
termine par une expo temporaire sur les arbres du marais, frênes, saules aulnes
et peupliers, présentation originale de chaque arbre sous forme de bulletin de
notes, et avant de quitter le musée, « bisou » des dames à Patrick.
Nous repartons pédibus aux gîtes.
12 h
30 : Nous alignons tables et
chaises des terrasses pour nous retrouver tous ensemble et partager ce
pique-nique fourni par « la Passerelle » , présentation dans de
grandes boîtes en plastique cette fois-ci, et un peu comme « à la
cantoche », il faut faire la distribution, salade de betteraves, poulet
chips ( il manque 1 paquet … comme à la cantoche, je vous dis!) pommes et
oranges au dessert. Le soleil est de la partie, on « arrose »
les nouveaux-nés de l’été. Sans tarder,
il faut plier bagage pour être ponctuels au rendez-vous à l’embarcadère de
Coulon.
14 h 20 :
Nous sommes à l’embarcadère, prenons place dans les barques : deux de
huit places, un de six (où est le 23e
Ampoulien ?),conduites à la rame par nos
habiles bateliers. Deux heures de balade au fil de l’eau aux reflets multiples, de découverte des marais
mouillés, leur fonctionnement, 600 km de canaux entretenus par le syndicat du
marais poitevin, fragile écosystème, patrimoine unique en France. Il s’agit de
terres exploitées surtout pour l’élevage, notamment la vache charentaise –
beauté aux cornes en forme de lyre, aux grands yeux comme maquillés de noir,
mais qui n’a pas de fesses. Nos bateliers sont intarissables sur bien des
sujets, la faune, la flore, l’activité économique du marais, et bien d’autres
sujets. Ils nous réservent une drôle de
surprise en mettant le feu à l’eau ! Après avoir remué vigoureusement le
fond de l’eau avec leur rame, du méthane va se dégager et s’enflammera au
contact de leur briquet. Succès assuré auprès des touristes ! Retour
paisible à l’embarcadère, nous sortons de la
forêt aquatique, et aussitôt, le patron de la Passerelle nous mène à une dégustation de produits
locaux, dans le quartier très animé de l’église de Coulon. Nous goûtons la
« coul benez », la « bourinette », « l’apéro
figue », les « crottes de ragondin », « l’angélique ».
Puis, petit passage par la « Grange de Camille » qui propose des
photos, aquarelles, peintures et divers travaux d’artisanat. Nous regagnons les
gîtes avant de repartir pour Magne et l’Auberge de Sevreau où nous allons
dîner.
20
h : Dîner parfait à l’Auberge de
Sevreau, située le long d’une « conche », joli cadre. Salle
accueillante, gris et rose des nappes et serviettes. L’aimable hôtesse nous a
regroupés en une seule table, service un peu lent à démarrer, mais ensuite,
nous nous régalons et quittons les lieux à minuit.
Lundi 9
septembre :
10 h :
Ca crachine un peu ce matin. Rangement des gîtes: certains participant(e)s nous quittent dès ce matin…Nous allons
laisser nos véhicules sur le grand parking de Coulon, le long du canal et
entamer une courte rando vers le petit village et port de La Garette, à travers
le marais cette fois-ci, le long des conches et rigoles. Au XIXe siècle, le transport des marchandises qui
transitaient entre le Bas-Poitou et la Saintonge se faisait par plates entre
Coulon et La Garette. Les charrettes prenaient ensuite le relais. Les
promenades en barques touristiques datent du début du XXe siècle.
Nous flânons dans la rue piétonne longue de
800 m, bordée d’anciennes habitations de pêcheurs paysans, qui pour la
plupart, ont été restaurées. Elles ont accès direct aux canaux. Calme et
dépaysement garantis ce matin. La pluie commence à tomber cependant et l’heure
du pique-nique approche. Grâce à l’intervention de Michèle et Martine,
l’employé de la crêperie « La
Chantilly » accepte de nous accueillir avec nos casse-croûtes
et nous nous installons sur sa terrasse bien abritée. C’est là que nous prenons
aussi le pot de « l’au-revoir » avant de repartir, par le même chemin
pris à l’aller, pour Coulon, où nous attendent nos véhicules.
Nous avons eu
le plaisir, pour cette rando, de retrouver Christian Prioul et Monique, en
pleine forme, que nous espérons revoir très bientôt, et avions en tant
qu’invités, Eliane, « pionnière » de la Ste Ampoule et Patrick.
En tant que
co-organisatrice, j’aimerais connaître vos avis sur ce type de rando, plus axée
« histoire et culture » que d’habitude, moins « sportive ».
Ce fut tellement agréable de se laisser
transporter au fil de l’eau, dans ce magnifique décor verdoyant de la Venise
Verte.
A bientôt, pour
la prochaine rando, le 13 octobre, « découverte de Cheix en Retz et
Rouans ».
Votre secrétaire,
Armelle