mercredi 2 octobre 2013

COMPTE RENDU DU WEEK-END en VENISE VERTE



Du Tombeau du Tigre, Mouchamps, en  passant par  l’Abbaye royale de Nieul sur l’Autise, puis  Coulon , capitale de la Venise Verte et le petit port  de La Garette…  circuit historico-culturel et découverte, en barque, du marais poitevin, au programme de ce week-end des 7, 8 et 9 septembre 2013.

Samedi 7 septembre :
     Il flotte un petit air de rallye, lorsque nous prenons la route ce matin pour la  rando de la rentrée de septembre : « Le Tigre vous indiquera la voie, suivez son tombeau ». Après 1 h 30 de route, nous nous retrouvons tous, dans un petit coin de Vendée, au lieu-dit du Colombier, qui fait partie de la commune de Mouchamps. Quelques maisons basses en pierres, une grange, et au bout du chemin, une gentilhommière du XVIe siècle et ses dépendances. La route ne va pas plus loin. Nous repérons facilement la buvette locale avec son  imposante enseigne « souvenirs et cartes postales », décorée de la silhouette bien connue de celui dont nous cherchons le tombeau. Nous « brûlons » donc d’en savoir plus… Nous, c’est à dire les 23 Ampouliennes et Ampouliens, regroupés en  ce lieu insolite où nous attend Gabrielle.
    Gabrielle, alerte petit bout de femme qui s’est coquettement habillée pour nous recevoir, est la gardienne du temple-musée consacré à Clemenceau. Aux murs, des photos de Clemenceau et de sa famille, des croquis de l’immense bâtisse aux deux tourelles que nous avons aperçue en arrivant. Nous  prenons place autour des tables de son petit café, on se serre un peu, et l’on peut aussi s’installer autour de la table de la petite cuisine attenante. Café ou thé sont proposés, nous  allons vivre un petit moment de « grâce » chez Gabrielle. 
     Elle  nous raconte « son » Georges Clemenceau, celui dont elle a tant entendu parler et dont elle connaît les descendants. D’ailleurs, l’armoire placée dans la cuisine vient de chez eux, donnée à son père, fermier sur les terres de la famille Clemenceau.
      Clemenceau,  l’homme politique que vous connaissez, a été  médecin et journaliste. Il est né d’une famille de médecins ( père, grand père  et arrière-grand-père) à Mouilleron en Pareds. Il a vécu à l’Aubraie, s’est retiré à St Vincent sur Jard dans une petite maison, face à la mer, après sa défaite politique. C’est en Vendée, près de Ste Hermine, qu’il a vécu les dernières années de sa vie et il a choisi d’être enterré précisément au Colombier, en terre vendéenne. La gentilhommière et ses terres sont propriété des Clemenceau depuis le XVIIe siècle. Gabrielle nous parle de l’homme qui, alors député, refusa l’armistice de 1871 et l’amputation de l’Alsace et de la Lorraine. Elle évoque l’insurrection de Paris, puis l’affaire Dreyfus, dont la cause fut plaidée par le plus jeune frère de Clemenceau, avocat. C’est lorsqu’il est  journaliste à l’ « Aurore » que l’on commence à l’appeler « le Tigre »  et le titre « J’accuse » pour l’article de Zola lui est dû. Après des années de bonheur avec Marie  Plummer, l’une de ses élèves américaines, il l’oblige à divorcer et à retourner aux Etats-Unis (l’un n’ayant pas été plus fidèle que l’autre). Il fait appliquer la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Gabrielle précise bien que ce grand homme savait tempérer. Il a défendu les deux écoles ! En 1920, battu aux élections, il se retire de la vie politique et voyage. Visionnaire, il avait prédit le rôle prépondérant du Général De Gaulle pour « redresser le pays ». Celui-ci est  venu se recueillir sur la tombe du Colombier en mai 1946.
     Nous nous rendons alors sur les lieux de sépulture de Clemenceau et de son père. Il y fait un peu frais en cette fin de matinée. Sobriété des lieux, calme, on entend seulement le    bruissement des feuilles, des arbres du petit bois. Père et fils reposent l’un à côté de l’autre, dans deux  tombes parfaitement semblables, deux parcelles de terre recouvertes d’herbes folles, entourées d’une simple grille de fer. Pas de plaque ni de décoration. Celle de Clemenceau est en contrebas de la stèle représentant Minerve, qu’il l’avait fait ériger avant sa mort, en précisant : «La lance de Minerve indiquera que je repose là ». (Oui, quand même !)
    Départ groupé pour Nieul sur l’Autise où nous avons prévu de pique-niquer. Nous  stationnons sur le parking de l’Abbaye Royale et emportons sacs et glacières pour nous rendre au parc du Vrignaud, en traversant les ruelles du pittoresque village qui a le label « Petite Cité de Caractère ». Arrivés au parc, tables et bancs s’offrent à nous, à l’ombre des magnifiques arbres. Certains préfèrent pique-niquer sur l’herbe. Moment de partage, d’échanges sur les vacances, les voyages entrepris, les nouveaux bébés de l’été, car le club des papis et mamies s’agrandit. Retour ensuite aux véhicules par la rue de la meunerie pour le rendez-vous, à 14 h 30 avec Irène, notre guide pour la visite de l’Abbaye Royale.
       Ambiance particulière en ce début d’après-midi. Un mariage est prévu à l’Abbatiale, invités « endimmanchés » et visiteurs se mélangent, il va falloir accélérer le rythme avant la cérémonie. Notre guide perd un peu les pédales… puis se ressaisit.
        Décryptage de la façade de l’abbatiale avec ses animaux imaginaires, les dessins géométriques, bel exemple de l’architecture du Poitou roman. Nous pénétrons dans la nef,  assistons aux répétitions des  chœurs pour le mariage, apprécions  de retrouver le calme en entrant dans le cloître magnifique, puis la  salle capitulaire, le passage aux champs. Le dortoir des chanoine et sa scénographie, la façade de l’ancien réfectoire. Le début de la construction  de cet ensemble monastique, joyau de l’art roman (abbatiale, cloître et bâtiments conventuels) se situe en 1068. Le seigneur de Vouvant – pour le salut de son âme – fait don des terres à des chanoines qui vivent selon la règle de St Augustin. Aliénor d’Aquitaine, Reine de France, en fit une abbaye royale en 1141. Bâtiments dégradés pendant les guerres de religions, abbaye sécularisée en 1715, rachetée ensuite par la commune restaurée au XIXe siècle grâce à l’écrivain Prosper Mérimée. Un petit guide très détaillé nous a été remis sur l’histoire de cette abbaye. Nous découvrons de manière attrayante, grâce aux technologies innovantes, l’histoire du monachisme en bas-poitou, le rôle des abbayes, leur fonctionnement, l’assèchement des marais, extraordinaire… Sidérant. Un parcours muséographique nous fait aussi  découvrir les instruments médiévaux et la sculpture religieuse.
        Visite ensuite de la maison d’Alienor d’Aquitaine, toute proche, où nous sommes reçus par « Prosper Mérimée »( voix de Gérard Bourgarel), maquette de l’abbaye, jeux vidéos, scénographie, théâtre optique.
         17 h : Il est temps de se rendre maintenant aux gîtes municipaux de Coulon ( grenouille, anguille, héron, loriot ,libellule). Les gîtes sont spacieux, au calme dans le fond du terrain, pourvus de terrasses équipées  de tables et de fauteuils. Installation  dans les locaux  avant de repartir à pied pour Coulon. Nous découvrons la   capitale de la « Venise verte », très touristique : classé « plus beau village de France », ses venelles, ses quais bordés de jolies maisons blanches et ses barques, sur la Sèvre niortaise. Le  dîner est prévu au restaurant « La Passerelle », face au canal.
         20 h : Dîner, servi par le sympathique patron de « la Passerelle ». Menu maraîchin, farci poitevin,  jambon aux mojettes et tourteau fromage. L’ambiance est bonne, interventions toujours très appréciées de nos spécialistes de bonnes histoires… Alain , Christian, René et Guy. Retour à pied aux gîtes.

Dimanche 8 septembre :
    Beau temps ensoleillé ! Quelle joie pour tous et soulagement pour les quatre organisatrices du week-end, Michèle, Maylis , Martine et Armelle ! La sortie en  barque  est assurée ! Regroupement à 10 h, et direction centre de Coulon pour une visite  de la Maison du marais poitevin. C’est Patrick qui va nous guider  à travers les différentes salles du musée, nous transmettre sa passion du marais dont il nous explique  la formation. Le golf des Pictons a été progressivement aménagé par l’homme. Les moines au Xe siècle ont commencé l’assèchement des marais et leur exploitation. Des digues empêchent le retour de l’océan et d’autres arrêtent les crues venant des terres hautes. Là où l’on crée des canaux et fossés, on aura  les marais desséchés, et les « marais mouillés » correspondent aux terrains inondables. Patrick commente les maquettes, les cartes, les photos et les croquis  avec un réel plaisir et nous amuse avec bon nombre d’anecdotes. Nous entrons dans la salle de la barque : construction, usages des barques traditionnelles, maniement de la rame et de la pigouille, puis salle de l’anguille, poisson emblématique du marais, son périple mystérieux et époustouflant de la mer des Sargasses aux côtes européennes, sa pêche. Ensuite, film dans une autre petite salle avec écran géant, sur l’histoire du marais, qui ne devrait  plus avoir de secret pour nous. Ensuite, reconstitution d’un intérieur maraîchin, avec sa table à casier à pain, sa « coussotte », le « potager ». La visite du musée se termine par une expo temporaire sur les arbres du marais, frênes, saules aulnes et peupliers, présentation originale de chaque arbre sous forme de bulletin de notes, et avant de quitter le musée, « bisou » des dames à Patrick. Nous repartons pédibus aux gîtes.
    12 h 30 :  Nous alignons tables et chaises des terrasses pour nous retrouver tous ensemble et partager ce pique-nique fourni par « la Passerelle » , présentation dans de grandes boîtes en plastique cette fois-ci, et un peu comme « à la cantoche », il faut faire la distribution, salade de betteraves, poulet chips ( il manque 1 paquet … comme à la cantoche, je vous dis!) pommes et oranges au dessert. Le soleil est de la partie, on « arrose » les nouveaux-nés de l’été. Sans  tarder, il faut plier bagage pour être ponctuels au rendez-vous à l’embarcadère de Coulon.
    14 h 20 : Nous sommes à l’embarcadère, prenons place dans les barques : deux de huit  places, un de six (où est le 23e Ampoulien ?),conduites à la rame par nos  habiles bateliers. Deux heures de balade au fil de l’eau aux  reflets multiples, de découverte des marais mouillés, leur fonctionnement, 600 km de canaux entretenus par le syndicat du marais poitevin, fragile écosystème, patrimoine unique en France. Il s’agit de terres exploitées surtout pour l’élevage, notamment la vache charentaise – beauté aux cornes en forme de lyre, aux grands yeux comme maquillés de noir, mais qui n’a pas de fesses. Nos bateliers sont intarissables sur bien des sujets, la faune, la flore, l’activité économique du marais, et bien d’autres sujets. Ils nous  réservent une drôle de surprise en mettant le feu à l’eau ! Après avoir remué vigoureusement le fond de l’eau avec leur rame, du méthane va se dégager et s’enflammera au contact de leur briquet. Succès assuré auprès des touristes ! Retour paisible à l’embarcadère, nous sortons de la  forêt aquatique, et aussitôt, le patron de la Passerelle  nous mène à une dégustation de produits locaux, dans le quartier très animé de l’église de Coulon. Nous goûtons la « coul benez », la « bourinette », « l’apéro figue », les « crottes de ragondin », « l’angélique ». Puis, petit passage par la « Grange de Camille » qui propose des photos, aquarelles, peintures et divers travaux d’artisanat. Nous regagnons les gîtes avant de repartir pour Magne et l’Auberge de Sevreau où nous allons dîner.
       20 h :  Dîner parfait à l’Auberge de Sevreau, située le long d’une « conche », joli cadre. Salle accueillante, gris et rose des nappes et serviettes. L’aimable hôtesse nous a regroupés en une seule table, service un peu lent à démarrer, mais ensuite, nous nous régalons et quittons les lieux à minuit.

Lundi 9 septembre :
         10 h : Ca crachine un peu ce matin. Rangement des gîtes: certains participant(e)s  nous quittent dès ce matin…Nous allons laisser nos véhicules sur le grand parking de Coulon, le long du canal et entamer une courte rando vers le petit village et port de La Garette, à travers le marais cette fois-ci, le long des conches et rigoles. Au XIXe  siècle, le transport des marchandises qui transitaient entre le Bas-Poitou et la Saintonge se faisait par plates entre Coulon et La Garette. Les charrettes prenaient ensuite le relais. Les promenades en barques touristiques datent du début du XXe siècle. Nous flânons dans la rue piétonne longue de  800 m, bordée d’anciennes habitations de pêcheurs paysans, qui pour la plupart, ont été restaurées. Elles ont accès direct aux canaux. Calme et dépaysement garantis ce matin. La pluie commence à tomber cependant et l’heure du pique-nique approche. Grâce à l’intervention de Michèle et Martine, l’employé  de la crêperie « La Chantilly » accepte de nous accueillir avec nos casse-croûtes  et nous nous installons sur sa terrasse bien abritée. C’est là que nous prenons aussi le pot de « l’au-revoir » avant de repartir, par le même chemin pris à l’aller, pour Coulon, où nous attendent nos véhicules.
       Nous avons eu le plaisir, pour cette rando, de retrouver Christian Prioul et Monique, en pleine forme, que nous espérons revoir très bientôt, et avions en tant qu’invités, Eliane, « pionnière » de la Ste Ampoule et Patrick.


       En tant que co-organisatrice, j’aimerais connaître vos avis sur ce type de rando, plus axée « histoire et culture » que d’habitude, moins « sportive ». Ce fut tellement agréable de se laisser  transporter au fil de l’eau, dans ce magnifique décor verdoyant de la Venise Verte.
        
      A bientôt, pour la prochaine rando, le 13 octobre, « découverte de Cheix en Retz et Rouans ». 
   
                     Votre secrétaire,
                                               Armelle


       

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