« LES OLERONNADES »
avec Dany et Christian Gueguen,
Jean Moreau, week-end des 25,26 et 27 mai 2013.
Samedi 25 mai 2013 :
rendez-vous à Moëze, petite commune du pays de Saintonge, en Charente-Maritime, près de
l’église et du cimetière. Christian,
Dany et Jean nous attendent avec les boissons chaudes – quel bonheur – et les biscuits de réconfort, parce ce que
vraiment ce mois de mai n’est pas trop
joli cette année. Nous sommes endoudounés, emmitouflés dans nos polaires et
parkas. Mais de toute façon, le cœur y est, la motivation aussi. Nous suivons
Christian, curieux de découvrir cette « croix Hosannière » qui nous
intrigue, là-bas, sur son soubassement de pierres, au milieu du
cimetière : il s’agit d’un petit édifice inspiré des temples grecs et
corinthiens, chef d’oeuvre de style renaissance, vraisemblablement construit
par des artistes italiens au XVIe siècle. Les fines colonnes ont
souffert des intempéries. Nous essayons de lire les inscriptions en latin
gravées dessus et de décrypter les dessins. Ils représentent des enfants juifs portant des rameaux. Ces
rameaux étaient traditionnellement déposés au pied de l’édifice.
Le clocher de l’église St Pierre de Moëze
culmine à 51 m et a été épargné pendant les
guerres de religion.
Nous nous engouffrons sans tarder dans les
voitures et, en procession, traversons les marais en direction de Brouage.
Arrêt au pied des remparts de cette place forte, un vent froid nous y
accueille. En pénétrant dans l’enceinte de cette cité, nous apercevons, toute
droite, la rue principale. Nous
attendons notre guide au « chaud »
à l’entrée, dans l’ancienne forge réaménagée en salle d’exposition.
Léa, notre guide de l’office de tourisme,
arrive, souriante. Retour près des remparts à l’entrée de la ville, nous nous serrons sur des bancs et Léa nous
entraîne quelques siècles en arrière, au temps du passé glorieux de cette
petite cité.
Le golfe de Saintonge sur lequel elle est
située s’est progressivement comblé de sédiments nous explique-t-elle. Au
Moyen-âge, il ne reste plus qu’un bras de mer de 15 km et de 400 m de large. Ce
bras de mer qui s’est rétréci devient le « Hâvre de Brouage ».Les
marécages, sous l’effet d’un bon ensoleillement et du vent se transforment en
marais salants d’où l’on extrait l’« or blanc », qui a
fait de ce site « le grenier à sel
du royaume de France et d’Europe du Nord ». En 1340, Philippe de Valois a
introduit l’impôt sur la Gabelle, un vrai filon. Le commerce de cabotage, du IXe au XIIe siècle va
prendre ensuite une dimension internationale. On a besoin de sel pour conserver
le poisson dont la consommation est croissante, puisqu’il qu’il faut respecter
le carême, imposé jusqu’à 180 jours par an. On part pêcher la morue sur les bancs de Terre Neuve
et on conserve ensuite ce poisson dans la saumure. Le commerce se
développe avec les Pays Bas, les îles
britanniques et les pays de la Hanse qui viennent s’approvisionner en sel à
Brouage.
Les sables et gravats dont les bateaux se
délestaient à leur arrivée à l’entrée du port de Brouage, ont donné naissance
à une île qui devint Jacopolis sur
Brouage, ainsi nommée par Jacques de Pons en 1555. Cité riche et prospère, elle
est construite en quadrilatère, avec des
rues qui se croisent à angle droit, comme nous pouvons le constater aujourd’hui
encore.
Les idées religieuses de ces marins
(protestants) venus d’ailleurs vont se répandre. C’est le début des luttes dans
cette zone, entre catholiques et protestants. Henri de Navarre, futur Henri IV
(XVIe) fait alors de cette cité une ville royale – coffre-fort du
pouvoir central – qui va reprendre son
nom de « Brouage » avec Louis XIII et sera intégrée au domaine royal.
Place de négoce, ville cosmopolite, elle est au cœur logistique de la machine
de guerre royale pour conquérir La Rochelle (protestante). Brouage fut transformée en place forte imprenable par son
gouverneur Richelieu et son
ingénieur, Pierre de Conty d’Argencour. Léa nous donne maints détails
sur la construction de murs d’enceinte
et leur assise de pilotis, les bastions, les courtines, les tours de guet, les
échauguettes, l’utilisation de la brique et de la pierre de taille.
Brouage s’est
doté d’un arsenal et d’une halle aux vivres. On y compte 4000 habitants civils,
500 à 2000 soldats, 11 hôtels (aujourd’hui 170 hbts, 1 hôtel). Vauban renforce
ensuite les remparts sur le front de mer, il les talute et procède à des
plantations, modernise le chemin de ronde.
Au début du XVIIe siècle, grâce à
bien des aménagements, les trois mats peuvent encore accéder aux quais du port.
Mais en 1642, c’est le déclin de Brouage, le port s’envase, elle devient
poudrière, lieu de stockage de l’arsenal de Rochefort, une ville de garnison,
une ville fermée. Elle tombe dans l’oubli au XVIIIe siècle et
devient centre de détention pendant la Révolution. Puis, en 1885, la garnison quitte la ville.
Circuit
historique avec notre guide dans la ville : porte de
« l’assommoir », porte royale, la forge royale, qui devint forge
prison, puis arrêt devant l’un des sept bastions qui subsiste avec corps de
garde, le double escalier et les écuries royales. Marie Mancini, que
Mazarin voulait éloigner de Louis XIV, fit un bref passage à Brouage. Visite du
port souterrain, de la Tonnellerie, de la Halle aux Vivres et de la petite
poudrière rajoutée par Vauban avec son ingénieux système de défense. Celle ci
servit aussi de chapelle pour remplacer l’église du village défaillante, en
1909.
Visite
ensuite de l’église, lieu de
pique-nique, en ce début d’après-midi, pour quelques personnes très bruyantes
et accompagnées de leur chien. Notre guide doit « hausser le
ton » !
Le clocher de
28 mètres, qui servait d’amer pour les bateaux, n’en fait plus que 17. Par
terre, des pierres tombales. L’église a souffert au cours des siècles, a
connu aussi son déclin, mais, miracle en 1912, l’argent des cousins de La
Nouvelle France, au Canada permet de restaurer la charpente, et plus tard, sept
superbes vitraux offerts aussi par les « cousins »
québécois redonneront à l’église vie et clarté. Et ce, grâce à Samuel Champlain,
originaire de Brouage, dont le père était capitaine de marine, mais que tout le
monde avait oublié et qui fut cartographe et géographe à la cour du roi Henri
IV. Il fut chargé de redécouvrir le
continent nord américain, le Canada et fonda la « Nouvelle France »,
à Québec en 1608. Merci à ce grand explorateur.
Brouage –
« l’étoile de pierre endormie au cœur du marais » – a reçu en 1989 le
label « Grand site de France », suite aux travaux de
restauration entrepris pour la mise en valeur du site.
13 h 30 : pique-nique
sur les remparts de Brouage, dans un site verdoyant. Chacun choisit son
emplacement. Il semble que l’atmosphère
se réchauffe. Les vivres sortent des sacs, et pour les accompagner, quelques
bouteilles ! Marie-Thérèse et Dany fêtent aujourd’hui leur anniversaire et
nous offrent de succulentes entrées. Ils sont, selon la tradition, gratifiés
d’un petit bouquet de fleurs champêtres et Guy a pris la direction de la
chorale ampoulienne pour leur souhaiter le meilleur anniversaire qui soit. Dany
nous régale encore avec un gâteau aux huiles essentielles de citron, le tout
arrosé de vins proposés par nos spécialistes. Après ce déjeuner sur l’herbe,
nous repartons vers 15 h, en direction du Breuil, puis Marennes, et nous voici
sur le fameux pont de l’île d’Oléron avec, à tribord, Fort Louvois.
Arrêt à St
Trojan-les Bains, à la pointe sud de l’île, pour la première balade oléronaise.
Nous marchons sur la promenade de cette cité balnéaire, en longeant la mer,
puis sur un chemin côtier. « Point carte » aussi, afin de se situer
un peu sur cette île, mais oùksétikonest??
Séparée au
nord de l’île de Ré par le pertuis d’Antioche, et au sud de la presqu’île
d’Arvert par le Pertuis de Maumusson, Oléron se trouve face à deux estuaires
fluviaux, la Charente maritime et la Seudre. Le pont fait 3 km de long et date
de 1966. Situons aussi Fort Boyard, l’île d’Aix et l’île Madame, au large de sa
côte orientale (à droite sur la carte).
Au retour de cette balade, curieusement, hommes
et femmes se séparent. Les femmes prennent la direction d’une petite boutique
« Retour de plage », située à l’entrée du port de Trojan. Elle propose de très originaux bijoux artisanaux,
très attirants.
Nous nous
retrouvons tous pour repartir en voiture vers « Le grand
Village » où se situe notre centre d’hébergement « Azureva » où
nous passerons deux nuits. Alain et Annick Grovel nous y ont rejoints. Cadre
agréable, bâtiments dispersés dans les bois de pins maritimes, équipés de
terrasses avec tables et chaises. Nous sommes dans les zones
« orcade » et « Porto-rico ». Chacun s’installe, il faut
faire vite si l’on veut profiter de la piscine chauffée !
Repas à 19 h
30, Pineau des Charentes blanc et rosé
en apéro ce soir. C’est système self, ici, formule buffet, et plusieurs
plats chauds au choix. Nous sommes regroupés autour de deux tables dans la
vaste salle de restaurant. Ensuite, soirée dansante « années 1960 »
prévue au club, pour les amateurs. Mention particulière à notre
« crooner » Bruno, pour l’animation de la soirée !
DIMANCHE 26 mai : lever à 7 h 30, départ à 9 h, par un temps superbement ensoleillé. Ça
commence bien… on a perdu les Pomponnettes, elles ont filé sans rien écouter…
Bon, ça y est… retrouvées… on ne peut pas s’en passer !
Direction St Georges d’Oléron, puis la côte ouest,
voitures laissées au parking. Marche vers le phare de Chassiron, nous suivons
le chemin de la Côte sauvage. C’est marée basse, nous admirons le magnifique spectacle des jeux de l’eau et
des reflets du ciel reflets dans un
ensemble très graphique dessiné par les
roches et la flore maritime. La
côte rocheuse près du phare de Chassiron présente des falaises hautes de 4 à 10
mètres. Le phare au barres noires et blanches bien connu des marins (il se
distingue de celui des Baleines) se dresse à la pointe du « bout du
monde », et à côté, le sémaphore. Nous y avons rendez-vous avec Annick et
Alain. Au pied du phare, une maquette pédagogique d’une « écluse
à poissons », en forme de fer à cheval. Faites de pierres séchées, elles
datent du moyen-âge et sont de super pièges à poissons.
Nous suivons
le chemin côtier face orientale de l’île cette fois-ci, direction La Morelière,
vers St Denis d’Oléron, traversons une zone de résidences d’été récentes, des
jardins à la végétation méridionale – palmiers, agaves, oliviers, etc. Nous
sommes rejoints par Soazig, fille de notre président et ses amis, qui vont
pouvoir pique-niquer avec nous. Cette fois-ci, ô luxe, nos pique-niques sont
préparés par Azureva et livrés à notre halte de St Denis par Alain et Annick.
Nous traversons les dunes pour atteindre une vaste plage, où nous allons
pique-niquer, face à l’océan, sous un beau ciel bleu. Guy « Von
Karajan », une baguette à la main, se sent pris d’une grande inspiration…
«Y a d’la joie »…
Après le pique-nique
et vu le temps chaud, nous nous délestons de quelques vêtements superflus, mis dans le coffre d’Alain et nous
partons tous prendre un petit café à « La Cabane », dans le petit
port de St Denis. Puis, la rando se poursuit en direction de La Gautrie.
Découverte de l’intérieur des terres,
rue Racle Bourse, rue du Four et retour au parking du matin.
Nous
récupérons les véhicules, retour par « La Brée », St Georges, St
Pierre d’Oléron et nous atteignons Château d’Oléron, capitale de l’île, pour
un tour
de la ville et sa citadelle, en petit train touristique.
La
conductrice du train, fort sympathique, commente la visite de la ville,
construite en damier, (les Halles, la fontaine, l’église d’Oléron agrandie par
Aliénor d’Aquitaine, le couvent des Récolés) et nous fait découvrir la
citadelle. Elle fut construite en 1630 par Richelieu et le même Pierre
d’Argencour, l’ouvrage bastionné a été revu par Vauban en 1688 qui ajoute des
« ouvrages à cornes ». Les
larges fossés, les murs épais, le pont dormant de la porte royale sont
tout ce qui subsiste de la forteresse pourtant très endommagée par les
bombardements en 1945, est impressionnant. Petite histoire
de « l’arbre de Richelieu », planté pour la postérité.
Pour finir,
nous découvrons le « Paté » quartier bien typique des cabanes très
colorées des ostréiculteurs, ces « jardiniers de la mer ». Elles sont
transformées aujourd’hui en boutiques d’artisanat. Dans ce port ostréicole,
nous remarquons les bateaux en métal à fond plat pour la récolte
des huîtres (dont les « fines de claire, spécialité locale). Il nous reste
du temps après cette visite guidée pour déambuler dans ce quartier très
original et pittoresque ou monter sur les remparts où se sont posés de gros moustiques en métal.
Retour au village
Azureva pour le dîner après cette journée bien remplie. René nous offre l’apéro
ce soir, Pineau et spécialités locales… sympa, merci! Petit discours d’Anne,
toute émue et ravie d’être des « nôtres », nouveau membre actif de la
Ste Ampoule, et du groupe des « pomponnettes » ?
Après le dîner, spectacle du coucher de
soleil sur la mer, face à La Cotinière, le plus grand port de pêche de l’île et
rendez-vous chez le glacier de la place pour tous les gourmands de la Ste
Ampoule. Quel choix! Et c’est aussi coloré que dans le port…et ça se déguste
dans un cadre style « intérieur de bateau de pirate mais aussi avec
petits salons particuliers, équipés de fauteuils et canapés en velours rouge,
murs capitonnés de tissu blanc, lumières tamisées rouges, dans une atmosphère
plutôt… enfin très originale pour déguster des glaces…
LUNDI 27 mai : départ à 9 h.
Météo superbe, températures agréables. Direction forêt de Gatseau, parking de
la thalasso. Marche ultra variée, d’abord le long de la mer en suivant la digue
Pacaud, puis nous traversons le marais
« Les Bris » pour nous enfoncer dans la forêt domaniale de Trojan,
très odorante. Nous y croisons un camion du service d’entretien, chargé de
répandre du maïs pour les sangliers. Nous faisons confiance aux organisateurs
pour repérer le circuit dans cette
immense forêt. Jean, qui devait nous faire un discours, a failli mettre le pied
sur un reptile impressionnant. Couleuvre ou vipère ? Nous voici de retour
sur la plage de Gatseau, à marée basse cette fois-ci, hâvre de paix où il
ferait bon se prélasser. Mais l’on nous attend au centre Azureva pour un
dernier déjeuner avant le départ de l’île.
Ménage dans
les chambres avant de quitter les lieux, puis direction le pont viaduc d’Oléron
et Boursefranc. Halte face au fort Louvois et
pot de l’amitié avant de se quitter.
Quel week-end dense et varié ! Merci à nos
organisateurs attentionnés Dany, Christian et Jean, qui, grâce à une habile
combinaison de circuits, nous ont fait découvrir Moëze, Brouage, puis « Oléron
la Lumineuse » et ses différentes facettes.
On se revoit le week-end des 7, 8 et 9
septembre, pour une incursion en Venise Verte!
Bonnes vacances à tous, profitez bien
de l’été,
Votre secrétaire,
Armelle Jacquet
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